esperluette une quatrieme mars vfinale pages to jpg 0001 Quand le rire est acte de résistance

Ce 9 novembre 1943, à la veille du 25éme anniversaire de l'armistice, la Belgique vit sous occcupation nazie. Le journal Le soir accaparé par l'occupant ne parlera certainement pas de cet événement: seules les infos sensées rassurer la population et des articles de propagande sur le Reich "de mille ans", les bienfaits de l'Ordre nouveau sont publiées. Pourtant, ce 9 novembre vers 15h30, alors que les premiers journaux sont déposés dans les kiosques, quelque chose d'étrange se passe: un premier client ouvre de grands yeux en ouvrant son exemplaire et se met à rire. Bientôt, ce rire se propage dans les rues, les acfés, les logements, ... à Bruxelles, puis en Wallonie. Bientôt, les aubettes sont prises d'assaut, tout le monde veut un exemplaire de ce journal qui ne ressemble pas du tout à l'odinaire. Et pour cause: il s'agit d'un faux "Soir", un bijou d'humour et un immense pied de nez à l'occupant. Les rubriques correspondent au journal habituel, mais tout est détourné. 

Cet acte de résistance pacifique fut l'oeuvre du Front de l'Indépendance avec la participation et le soutien de quelques journalistes, d'un imprimeur, de cafés qui stokeront les 50 000 exemplaires déstinés aux kiosques, et de dizaines de coursier.ères, citoyen.nes ordinaires, qui les porteront à leurs risques et périls. 

Les temps d'aujourd'hui sont ceux du trouble et de l'incertitude, de la montée des extrêmes droites et du retour des politiques d'austérité dont on sait pourtant, par l'histoire, tout le mal qu'elles font. Nous devons renforcer et renouveler nos pratiques de résistance, nos pédagogies, nos façons de faire du lien social, notre esprit critique, ... Pour cela, l'humour est un outil bien utile, comme vous le découvrirez dans ce numéro de l'Esperluette. 

Haut les rires!

Esperluette 123 Janvier/Février/Mars 2025

Esper122Une fin d’année en demi-teinte

L’année 2024 s’achève, et avec elle une année d’élections en Belgique, en Europe et dans le monde, qui n’aura pas apporté de grands espoirs aux forces progressistes, c’est le moins que l’on puisse dire. La droitisation et même l’extrême droitisation de nombre de gouvernements, on s’y attendait, c’est vrai, mais sans pouvoir s’empêcher d’espérer quand même un sursaut ici et là. Aux États-Unis par exemple, avec la candidate démocrate Kamala Harris lancée tardivement mais tous azimuts. Peine perdue, le vainqueur fut quand même Donald Trump. L’on n’a pas fini de conjecturer à propos de son programme : en a-t-il réellement un ou avancera-t-il en fonction des événements, derrière une communication simpliste et injurieuse qui fait le bonheur de ses fans ?

Pendant ce temps et sans que cela ne crée de tsunami politique, l’extrême-droite fait son entrée dans l’exécutif de l’Union européenne, avec un titre qui pèse sur le plan symbolique : Raffaele Fitto est en effet devenu vice-président de la Commission européenne en charge de la Cohésion (les politiques régionales) et des Réformes (structurelles, pour relancer la croissance). L’homme est issu des rangs de Fratelli d’Italia, le parti d’extrême droite de Giorgia Meloni, actuelle cheffe du gouvernement italien.

On aurait bien aimé pouvoir soigner nos aspirations démocratiques en berne en lorgnant du côté des scrutins plus micros, là où le local compte davantage, du côté de nos élections communales. À voir comment un peu partout les petits calculs et les grandes ambitions font et défont les alliances et les inimitiés - sans toujours tenir grand compte des idées ni des programmes-, ce ne sont sans doute pas ces résultats-là qui nous consoleront.

Esperluette 122 Octobre/Novembre/Décembre 2024

Esper121Démocratie en action dans ma commune aussi : c’est parti!

Le 13 octobre prochain, nous choisirons celles et ceux que nous désirons voir nous représenter au sein de notre commune et des Provinces, sauf à Bruxelles, une exception puisque cette Région ne dispose plus de province. Ces hommes et femmes qui se présentent au suffrage sont généralement entrés en politique dans l’espoir de concrétiser un programme correspondant à leurs valeurs. En cela, leur engagement est à saluer, car la mission est tout sauf facile. Voter est une conquête historique et surtout une étape importante dans la vie démocratique, mais elle ne la résume pas. C’est souvent là que le bât blesse. À tous les niveaux de pouvoir, les majorités qui prennent en mains le pilotage peuvent être tentées de confisquer la chose publique pour garder le contrôle : « Vous m’avez élu·e, maintenant laissez-moi faire ». Le politologue Jean Faniel du CRISP rappelle souvent que de nombreux États organisent des élections sans que cela soit pour autant la garantie d’une véritable démocratie. Si le vote peut être perçu comme l’emblème de cette dernière, il est aussi devenu une sorte de mascarade pour les dictatures. Bref, le droit de vote est un précieux outil de la démocratie, mais il n’EST PAS la démocratie.

Esperluette n°121 - Juillet/Août/Septembre 2024

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