Démocratie en action dans ma commune aussi : c’est parti!
Le 13 octobre prochain, nous choisirons celles et ceux que nous désirons voir nous représenter au sein de notre commune et des Provinces, sauf à Bruxelles, une exception puisque cette Région ne dispose plus de province. Ces hommes et femmes qui se présentent au suffrage sont généralement entrés en politique dans l’espoir de concrétiser un programme correspondant à leurs valeurs. En cela, leur engagement est à saluer, car la mission est tout sauf facile. Voter est une conquête historique et surtout une étape importante dans la vie démocratique, mais elle ne la résume pas. C’est souvent là que le bât blesse. À tous les niveaux de pouvoir, les majorités qui prennent en mains le pilotage peuvent être tentées de confisquer la chose publique pour garder le contrôle : « Vous m’avez élu·e, maintenant laissez-moi faire ». Le politologue Jean Faniel du CRISP rappelle souvent que de nombreux États organisent des élections sans que cela soit pour autant la garantie d’une véritable démocratie. Si le vote peut être perçu comme l’emblème de cette dernière, il est aussi devenu une sorte de mascarade pour les dictatures. Bref, le droit de vote est un précieux outil de la démocratie, mais il n’EST PAS la démocratie.
Démocratie en action : dans ma commune aussi !
Le coup de barre donné à droite lors du scrutin du 9 juin dernier laisse un gout amer. Il inquiète d’autant plus les forces de gauche que la campagne électorale a plus d’une fois illustré une porosité entre droite et extrême droite : rejet de l’immigration, discrédit jeté sur les corps intermédiaires... Le dossier de ce numéro de L’Esperluette fait le point sur les caractéristiques propres à l’idéologie de l’extrême droite, s’intéressant notamment à ses nombreuses va[1]riantes actuelles et à ses développements en Belgique. Parce qu’il est indispensable de s’outiller pour comprendre ce qui se passe un peu partout en Europe et dans le monde. Dans cet éditorial, nous voulons évoquer la prochaine campagne du CIEP, qui concernera les élections communales et provinciales. Et par là, souligner ce que nous observons depuis nos terrains d’action : d’un côté, une lassitude et une méfiance croissante vis-à-vis des institutions démocratiques ; de l’autre côté, un réel désir de participation et de démocratie. Cette campagne de sensibilisation porte ce message : la démocratie, cela commence dès le moment où quelques personnes se rassemblent et s’organisent pour améliorer quelque chose et pousser leurs élu·es à les entendre. Le parcours qu’elles feront sera aussi important que le résultat, car il est fondateur d’une puissance d’agir dont nous avons toutes et tous besoin pour nous sentir partie prenante d’une société.
Tirons nos propres cartes!
Un des grands mystères de la ville est celui des logements inoccupés. Voilà des décennies que des fourchettes invérifiables sont évoquées : la Wallonie compterait entre 15 et 30.000 logements vides ; Bruxelles aurait pas moins de 35.000 appartements inoccupés et si l’on rassemblait cette vacance immobilière sur un territoire, cela formerait une 20e commune dans la Région de Bruxelles-Capitale. Comme l’inventaire établi par les communes reste chose rare et que chacune y va de ses propres méthodes de recensement, allez donc savoir. Il y a quelques années, un groupe des Équipes populaires basé à Anderlecht a inventorié les logements vides de leur commune. Ce fut ma première expérience d’une cartographie militante, qui a lancé ce groupe dans une quête à la fois passionnante et minutieuse, pleine de questionnements et de rencontres. Des questionnements d’abord : quels sont les indicateurs pertinents à mobiliser pour s’assurer qu’un logement est réellement vide ? Comment vérifier s’il est privé ou public ? Est-il inoccupé temporairement, entre deux locations, ou laissé sciemment à l’abandon ? Même laissé à l’abandon, qui dit qu’il n’est pas occupé par des personnes qui n’ont trouvé nulle part ailleurs où se loger et qu’il serait bien inopportun de fragiliser ? Des rencontres ensuite : avec des voisin·es, des squatteur·es, des échevin·es et des administrations, des associations et des militant·es. Des découvertes aussi : c’est le propre d’une cartographie que de susciter l’émergence de toutes sortes de savoirs humains laissés jusqu’alors plus ou moins ignorés, invisibles, comme celui des multiples usages que les habitant·es d’un quartier peuvent faire d’un espace public ou d’un logement abandonné. Tels ces deux adolescents pas franchement heureux de voir notre groupe de cartographes s’intéresser d’un peu trop près à une bâtisse croulante qui leur servait de merveilleux et secret terrain d’exploration, d’escalade et de cachettes. Allait-on les en priver ?