Esper105L'expert.e est nu.e

C’est la rentrée, après un été très chaud. Nous sommes encore en pleine pandémie, et nul ne sait pour combien de temps. Certain.e.s évoquent un vaccin, d’autres l’immunité de groupe, d’autres encore l’hypothèse que l’on devra apprendre à vivre avec, ou avec leur lot de théories du complot. Ces histoires peuvent nous faire sourire, malgré leur amplification grâce aux réseaux sociaux. Toutefois elles ne représentent que le côté spectaculaire d’un fait plus profond.  

Penchons-nous sur la gestion de la pandémie par les pouvoirs publics. Non seulement les stratégies ont évolué au cours des sept derniers mois, passant d’un confinement strict à un relâchement presque total durant l’été. Les mesures prises se caractérisent par des contradictions et des incohérences. Une raison de ces difficultés réside dans la présence d’intérêts en concurrence, et dans l’effet différentiel qu’une quelconque mesure prise par des autorités provoque. Confronté.e à une disposition d’une autorité publique, on peut se demander qui est inclus.e et qui est exclu.e de la mesure, pour qui la mesure institue une liberté et pour qui elle la limite, pour qui elle institue une obligation et qui en est épargné.e.

Esperluette 105 Juillet/Août/Septembre 2020

104 PhotoUn « après » déjà là ?

Nous subissons encore, toutes et tous, les effets de la pandémie qui nous contraignent depuis plusieurs mois au confinement. Après un bilan de ce que cette crise a mis en évidence en termes d’injustices structurelles, le MOC et le secteur associatif réfléchissent à l’après-pandémie. Le sentiment que cette crise relève du jamais vu est partiellement justifiable pour les pays d’Europe, qui, depuis un siècle, n’ont plus été touchés par une crise sanitaire de cette nature, alors que c’est bien plus fréquent dans les pays du Sud. La seule menace « externe » connue dans les dernières années est le « terrorisme ». Une cause invisible, qui pourrait se trouver à proximité sans que nous puissions la voir, la reconnaitre, contre laquelle nous ne pouvons que nous mettre à l’abri et faire confiance aux expert.e.s.

Esperluette 104 - Avril/Mai/Juin 2020

Cover103L'Education populaire au temps du coronavirus

Au moment où ces lignes sont écrites, une pandémie secoue une bonne partie de notre planète et frappe les pays occidentaux. On a parfois le sentiment d’une toute-puissance occidentale, comme si on avait la conviction profonde que, chez nous, un virus qui se répand ne peut pas avoir de conséquences catastrophiques. Après la grippe espagnole en Europe il y a un siècle, des dispositifs de recherche médicale ont été mis en place pour développer rapidement des vaccins, des systèmes performants ont été construits pour la prise en charge des malades. Pourquoi se préoccuper ? Dans certains pays du Sud, par exemple en Inde, des mesures de contrôle de la diffusion
du coronavirus ont été déployées beaucoup plus vite et ce malgré le nombre bien plus réduit de cas que dans les pays occidentaux : probablement, en Inde, la conscience de ce qu’une épidémie peut provoquer relève d’une expérience encore
vivante. Y aurait-il une perte de mémoire dans nos pays qui justifierait une sous-estimation d’un danger ? Y aurait-il une conviction de supériorité occidentale qui est en jeu ?

Esperlutte 103 - Janvier/Février/Mars 2020 - Partie 1 - Partie 2

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