Esper108Logement, lieu de toutes les discriminations !

Les nouvelles mesures de déconfinement du Gouvernement permettent enfin d’ouvrir les restaurants et terrasses, les lieux de la culture, mais aussi de sortir de nos “bulles”, de voyager plus facilement à travers le monde, en faisant fi des frontières (réelles ou imposées) et d’aller à la rencontre des autres et de leurs réalités de vie. Alors que la plupart des Belges s’apprêtent à profiter de vacances méritées, ici ou ailleurs, certain.e.s sont sur le qui-vive pour accueillir des voyageur.euse.s spéciaux.ales : les Zapatistes et leurs allié.e.s du Conseil national indigène pour leur « Viaje por la vida » (Voyage pour la Vie).

Arrivé.e.s sur la scène médiatique en 1994, les indien.ne.s du Chiapas (Mexique) ont depuis lors montré leur infatigable énergie pour construire l’autonomie et créer un monde où d’autres mondes peuvent coexister, faisant de la lutte contre le capitalisme et le néolibéralisme la pointe de leur combat. En octobre dernier, les communautés autonomes du Chiapas avaient décidé que « différentes délégations zapatistes, hommes, femmes et autres de la couleur de notre terre » allaient parcourir les cinq continents et participer à « des rencontres, des dialogues, des échanges d’idées, d’expériences, d’analyses et d’évaluations entre ceux-celles d’entre nous qui sont engagé.e.s, de conceptions différentes et dans différents domaines, dans la lutte pour la vie ».  

Après cinq siècles de colonisation du Mexique, serait-ce une conquête inversée, amenée avec l’humour qui caractérise les Zapatistes depuis tant d’années ? C’est surtout une occasion de montrer que ces communautés ne sont pas conquises mais qu’au contraire elles débordent de créativité et surtout du désir d’aller vers les autres, y compris celles et ceux qui ne sont pas comme elles.eux. Même si pour cela il faut braver l’océan, le COVID, les frontières. Il.elle.s seraient même prêt.e.s à attendre au large des côtes européennes le temps qu’il faudra pour qu’on les laisse entrer, proposant de déployer une banderole géante où serait écrit « Réveillez-vous ».

Esperluette 108 Avril/Mai/Juin 2021

 

107Résistance populaire en temps de crise

Parler d'autre chose, est-ce possible ?

Cela fait (déjà) un an que nos vies sont bousculées et, pour certain.e.s, elles sont devenues un enfer, à cause de la pandémie. Je voudrais, vraiment, pouvoir écrire un éditorial sans avoir à parler de cette crise. Je voudrais, par exemple, vous parler des cinq priorités pour l’action politique en MOC adoptées en Conseil Politique le 1er décembre 2020. Nous y avons décidé de travailler ensemble, en MOC, pour la défense et le renforcement de la sécurité sociale, pour faire avancer la réduction collective du temps de travail, pour l’affirmation de nouveaux droits et l’approfondissement de la démocratie; pour, enfin, obtenir la régularisation des personnes sans papiers et, aussi, pour la mise en place de mesures concrètes pour faire face à l’urgence écologique et climatique. Passionnant, n’est-ce pas ?  

J’aimerais aussi vous encourager à participer à la prochaine Semaine Sociale du MOC autour de la montée des populismes (les 15 et 16 avril prochains). Un sujet brulant qui questionne à la fois l’ambiguïté de l’action institutionnelle, le rôle inquiétant des médias, mais aussi l’efficacité de l’action des mouvements sociaux progressistes. Passionnant, n’est-ce pas ? Un cadre commun pour l’action du MOC et de ses composantes qui est mobilisateur, engagé et qui permet d’envisager de nombreuses formes et niveaux d’action. Et puis une opportunité de formation et de réflexion en mouvement autour d’un phénomène qui non seulement constitue une menace pour la démocratie, mais qui est aussi à l’origine de difficultés substantielles que nous rencontrons dans notre action d’éducation permanente.

Esperluette 107 Janvier/Février/Mars 2021

106À la recherche de l’action collective…

L’action collective est au centre des préoccupations de l’éducation populaire. La capacité d’auto-organisation et de mobilisation pour la transformation sociale est un indicateur crucial du niveau de conscience et de force des classes populaires et des autres groupes opprimés par une forme de domination. Ce que l’on observe au fil de l’histoire est le changement des sujets qui s’engagent dans l’action collective, ainsi que la diversification des formes de l’action. De nos jours, on constate que les signes de l’action collective ne sont pas toujours positifs, comme dans le cas des mobilisations et des actions à caractère raciste (et même ouvertement fasciste) observés aux États-Unis en réponse au mouvement Black Lives Matter, et de certaines actions qui s’opposent aux mesures de lutte contre la diffusion du Coronavirus. Mais, l’action collective reste le seul espoir pour se libérer des systèmes de domination.

La compréhension des mécanismes et des dispositifs qui créent et entretiennent ces systèmes de domination constitue un élément crucial, tant pour les dominé.e.s que pour leurs allié.e.s ; cette compréhension ne se limitant pas à des théories abstraites, il est indispensable qu’elle soit incarnée dans l’expérience directement vécue par les personnes susceptibles de s’engager dans un collectif. En outre, la réflexion sur les moyens – capacités individuelles et collectives, l’organisation du collectif, les risques que l’on peut se permettre, etc. – est indispensable pour construire un collectif suffisamment fort pour assumer les combats choisis, mais aussi pour construire éventuellement des alliances entre organisations et luttes.

Esperluette 106 Octobre/Novembre/Décembre 2020

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