107Résistance populaire en temps de crise

Parler d'autre chose, est-ce possible ?

Cela fait (déjà) un an que nos vies sont bousculées et, pour certain.e.s, elles sont devenues un enfer, à cause de la pandémie. Je voudrais, vraiment, pouvoir écrire un éditorial sans avoir à parler de cette crise. Je voudrais, par exemple, vous parler des cinq priorités pour l’action politique en MOC adoptées en Conseil Politique le 1er décembre 2020. Nous y avons décidé de travailler ensemble, en MOC, pour la défense et le renforcement de la sécurité sociale, pour faire avancer la réduction collective du temps de travail, pour l’affirmation de nouveaux droits et l’approfondissement de la démocratie; pour, enfin, obtenir la régularisation des personnes sans papiers et, aussi, pour la mise en place de mesures concrètes pour faire face à l’urgence écologique et climatique. Passionnant, n’est-ce pas ?  

J’aimerais aussi vous encourager à participer à la prochaine Semaine Sociale du MOC autour de la montée des populismes (les 15 et 16 avril prochains). Un sujet brulant qui questionne à la fois l’ambiguïté de l’action institutionnelle, le rôle inquiétant des médias, mais aussi l’efficacité de l’action des mouvements sociaux progressistes. Passionnant, n’est-ce pas ? Un cadre commun pour l’action du MOC et de ses composantes qui est mobilisateur, engagé et qui permet d’envisager de nombreuses formes et niveaux d’action. Et puis une opportunité de formation et de réflexion en mouvement autour d’un phénomène qui non seulement constitue une menace pour la démocratie, mais qui est aussi à l’origine de difficultés substantielles que nous rencontrons dans notre action d’éducation permanente.

Esperluette 107 Janvier/Février/Mars 2021

106À la recherche de l’action collective…

L’action collective est au centre des préoccupations de l’éducation populaire. La capacité d’auto-organisation et de mobilisation pour la transformation sociale est un indicateur crucial du niveau de conscience et de force des classes populaires et des autres groupes opprimés par une forme de domination. Ce que l’on observe au fil de l’histoire est le changement des sujets qui s’engagent dans l’action collective, ainsi que la diversification des formes de l’action. De nos jours, on constate que les signes de l’action collective ne sont pas toujours positifs, comme dans le cas des mobilisations et des actions à caractère raciste (et même ouvertement fasciste) observés aux États-Unis en réponse au mouvement Black Lives Matter, et de certaines actions qui s’opposent aux mesures de lutte contre la diffusion du Coronavirus. Mais, l’action collective reste le seul espoir pour se libérer des systèmes de domination.

La compréhension des mécanismes et des dispositifs qui créent et entretiennent ces systèmes de domination constitue un élément crucial, tant pour les dominé.e.s que pour leurs allié.e.s ; cette compréhension ne se limitant pas à des théories abstraites, il est indispensable qu’elle soit incarnée dans l’expérience directement vécue par les personnes susceptibles de s’engager dans un collectif. En outre, la réflexion sur les moyens – capacités individuelles et collectives, l’organisation du collectif, les risques que l’on peut se permettre, etc. – est indispensable pour construire un collectif suffisamment fort pour assumer les combats choisis, mais aussi pour construire éventuellement des alliances entre organisations et luttes.

Esperluette 106 Octobre/Novembre/Décembre 2020

Esper105L'expert.e est nu.e

C’est la rentrée, après un été très chaud. Nous sommes encore en pleine pandémie, et nul ne sait pour combien de temps. Certain.e.s évoquent un vaccin, d’autres l’immunité de groupe, d’autres encore l’hypothèse que l’on devra apprendre à vivre avec, ou avec leur lot de théories du complot. Ces histoires peuvent nous faire sourire, malgré leur amplification grâce aux réseaux sociaux. Toutefois elles ne représentent que le côté spectaculaire d’un fait plus profond.  

Penchons-nous sur la gestion de la pandémie par les pouvoirs publics. Non seulement les stratégies ont évolué au cours des sept derniers mois, passant d’un confinement strict à un relâchement presque total durant l’été. Les mesures prises se caractérisent par des contradictions et des incohérences. Une raison de ces difficultés réside dans la présence d’intérêts en concurrence, et dans l’effet différentiel qu’une quelconque mesure prise par des autorités provoque. Confronté.e à une disposition d’une autorité publique, on peut se demander qui est inclus.e et qui est exclu.e de la mesure, pour qui la mesure institue une liberté et pour qui elle la limite, pour qui elle institue une obligation et qui en est épargné.e.

Esperluette 105 Juillet/Août/Septembre 2020

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