Quand le rire est acte de résistance
Ce 9 novembre 1943, à la veille du 25éme anniversaire de l'armistice, la Belgique vit sous occcupation nazie. Le journal Le soir accaparé par l'occupant ne parlera certainement pas de cet événement: seules les infos sensées rassurer la population et des articles de propagande sur le Reich "de mille ans", les bienfaits de l'Ordre nouveau sont publiées. Pourtant, ce 9 novembre vers 15h30, alors que les premiers journaux sont déposés dans les kiosques, quelque chose d'étrange se passe: un premier client ouvre de grands yeux en ouvrant son exemplaire et se met à rire. Bientôt, ce rire se propage dans les rues, les acfés, les logements, ... à Bruxelles, puis en Wallonie. Bientôt, les aubettes sont prises d'assaut, tout le monde veut un exemplaire de ce journal qui ne ressemble pas du tout à l'odinaire. Et pour cause: il s'agit d'un faux "Soir", un bijou d'humour et un immense pied de nez à l'occupant. Les rubriques correspondent au journal habituel, mais tout est détourné.
Cet acte de résistance pacifique fut l'oeuvre du Front de l'Indépendance avec la participation et le soutien de quelques journalistes, d'un imprimeur, de cafés qui stokeront les 50 000 exemplaires déstinés aux kiosques, et de dizaines de coursier.ères, citoyen.nes ordinaires, qui les porteront à leurs risques et périls.
Les temps d'aujourd'hui sont ceux du trouble et de l'incertitude, de la montée des extrêmes droites et du retour des politiques d'austérité dont on sait pourtant, par l'histoire, tout le mal qu'elles font. Nous devons renforcer et renouveler nos pratiques de résistance, nos pédagogies, nos façons de faire du lien social, notre esprit critique, ... Pour cela, l'humour est un outil bien utile, comme vous le découvrirez dans ce numéro de l'Esperluette.
Haut les rires!