Esper114Supprimer le statut de cohabitant·es : on a tout à y gagner !

C’est parti ! Le 18 novembre dernier a eu lieu la journée de lancement de la campagne pour la suppression du statut de cohabitant·e. Portée conjointement par PAC (Présence et action culturelle) et le CIEP du MOC, cette campagne s’inscrit dans une longue filiation de luttes contre ce statut injuste et discriminant. Elles ont commencé dès son instauration, dans les années 1980, à l’initiative des organisations féministes, car les femmes en ont été les principales victimes, du moment qu’elles vivaient en cohabitation. Au fil du temps, d’autres mouvements ont à leur tour réclamé la fin de ce statut : syndicats, Ligue des Familles, Réseau wallon de lutte contre la pauvreté…

Malgré les efforts, malgré les témoignages illustrant ses nombreux effets iniques, malgré les relais politiques existants, malgré les recours en justice qui donnent souvent raison aux plaignant·es, le statut de cohabitant·e persiste, résidu archaïque d’une époque patriarcale inséré au carrefour de plusieurs branches de la Sécurité sociale et de l’aide sociale.

Depuis la pandémie de Covid-19, une brèche significative s’est produite : l’application de ce statut a été suspendue une première fois durant les confinements ; puis une deuxième fois pour permettre l’hébergement d’urgence des victimes des inondations de l’été 2021 ; et une nouvelle fois pour soutenir l’accueil chez les particuliers des réfugié·es d’Ukraine.

À cet enchevêtrement de crises s’ajoutent désormais la crise énergétique et l’inflation des prix de produits de première nécessité. Ce n’est certes pas dans l’appauvrissement de la population que réside la solution, or c’est bien ce qu’engendre le statut de cohabitant·e qui peut frapper un panel très varié de situations et de profils : des femmes en couple, mais aussi des jeunes aux études recevant une aide du CPAS, un parent hébergeant son fils ou sa mère, des personnes en colocation, des seniors ayant droit à la GRAPA… Lorsqu’on sait que la majorité des revenus de remplacement, même au taux isolé, n’atteignent pas le seuil de pauvreté, on comprend bien que, réduit au taux cohabitant, ce montant ne permet pas de faire face aux dépenses nécessaires pour pouvoir vivre décemment.

Esperluette 114 : Octobre/Novembre/Décembre 2022

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