Quand les archives rencontrent la démocratie...
2006 : la libéralisation des secteurs du gaz et de l’électricité approche. Selon l’UE, ce sera bon pour les prix, pour l’emploi, pour la transition. Aux Équipes populaires, des militant·es racontent qu’on leur a proposé en rue un contrat de fourniture « sinon, vous serez bientôt coupé·es, cartout va changer ». Oui, tout va changer, et il est temps de l’appréhender ! Des organisations sociales diverses s’unissent alors pour fonder le Réseau wallon pour l’accès durable à l’énergie (RWADE) afin de co-construire une expertise, une parole politique et une représentation des consommateur·rices sur ces questions complexes.
Avec la libéralisation, nous ne sommes plus usager·ères d’un réseau collectif, mais « client·es éligibles » sensé·es « s’activer » sur le marché, en s’escrimant à repérer, parmi des offres toujours plus complexes et opaques, le meilleur contrat de fourniture. La politique énergétique devient affaire de marchés et l’énergie, un bien de première nécessité, est traitée comme une marchandise. Les prix, jusque-là lissés sur une année et objet d’une concertation paritaire, deviennent volatiles. Sous prétexte de lutter contre l’endettement des ménages, la Wallonie et la Flandre imposent le compteur à budget aux personnes en défaut de paiement, renvoyant la responsabilité de la coupure à la sphère privée : pas d’argent ? Pas de courant ! On ne saluera jamais assez le résultat des efforts de la Coordination Gaz-Électricité-Eau de Bruxelles (CGÉE) qui a largement contribué à faire adopter une bien meilleure protection pour la population bruxelloise. Il apparait bientôt que la libéralisation est un échec pour les ménages. Mais qui pouvait sérieusement croire que confier l’énergie au marché allait résoudre les problèmes ?