L'Esperluette

Esperluette n°115 - Janvier/Février/Mars 2023

Ou atterrir : à chaucune sa boussole ? Avec Bruno Latour : revisitons démocratie et citoyennetéPage 4

Bruno Latour est un philosophe français empiriste. Entendons par là « non spéculatif ». Il ne s’est pas cantonné au monde des idées. Homme de la terre, il a su enfiler ses bottes pour observer nos empreintes et nous faire réfléchir. Décédé en octobre 2022, il laisse une œuvre immense et polymorphe, parfois irritante. Connu internationalement dans les milieux intellectuels, il a su toucher un plus grand public grâce à des collaborations avec des artistes, mais aussi au petit livre Où atterrir ? qui n’a pas fini de faire parler de lui. Ces dernières années, Bruno Latour a orienté ses travaux vers le « nouveau régime climatique » en popularisant des travaux de biologistes qui ont souligné l’existence d’une « zone critique », cette fine couche autour du globe terrestre, seul endroit où la vie est possible et où, durant des centaines de millions d’années, les vivant·es ont élaboré leurs conditions d’existence, aujourd’hui largement menacées par les activités humaines. Un défi sans précédent dans l’histoire de l’humanité. Pas étonnant dès lors qu’il ait aussi travaillé sur citoyenneté et démocratie, en posant notamment cette question : existe-t-il encore aujourd’hui des citoyen·nes politiques ?

Où atterrir : à chacune sa boussole ? Des ateliers Où atterrir ?, piste méthodologique pour traiter du climatPage 8

Depuis février 2022, l’équipe du CIEP-MOC Namur a lancé une dizaine d’ateliers Où atterrir ? organisés en soirée à Natoye. L’objectif : aider les participant·es à identifier ce qui les touche dans ce que le penseur Bruno Latour appelle « le nouveau régime climatique ». D’autres sessions ont eu lieu à Louvain-la-Neuve et à Dinant. Cet article ne permet pas de faire le tour de la méthode développée dans les ateliers, encore moins de tirer un bilan complet des expériences menées. Il a simplement pour but de vous donner envie d’en savoir plus. Où atterrir ? de Bruno Latour est un livre assez ardu à lire et les ateliers qui en découlent sont également difficiles à décrire. En résumé, le philosophe engagé pense qu’il est temps de changer la nature de la lutte des classes qui, de socio-économique doit devenir écologique, opposant celles et ceux qui veulent préserver l’habitabilité de la terre à celles et ceux qui veulent continuer à vivre « hors-sol ». Il s’agit désormais de discuter davantage de la constitution du gâteau que de sa répartition : que garde-t-on de l’ancien monde ? De quoi se débarrasse-t-on, puisque la destination qu’on nous avait promise, la jouissance sans limites pour tou·tes, n’est plus possible ? Citoyen·nes et politiques, nous sommes résolument perdu·es face à cette situation inédite et nous devons urgemment prendre le temps de penser et de créer une nouvelle forme d’organisation de nos sociétés, pour les faire « atterrir ».

Zones de droit, ensemble pour les droits des migrant.es - Un texte fondateurPage 11

Un texte fondateur.

Initiée par le MOC, la Zone de droit représente tout d’abord un réseau de lieux qui se veut solidaire avec toutes les personnes migrantes qui sont sur notre territoire avec un statut précaire. C’est à partir de nos réseaux en région et dans les organisations constitutives du MOC, qu’une société juste et égalitaire peut se construire. La Zone de droit est donc le rassemblement autour de valeurs communes, qui a comme mission de construire avec les personnes migrantes et en séjour précaire, une existence digne. Les membres du réseau mettent en œuvre des solutions face aux problématiques rencontrées par les migrant⋅es, au travers des projets concrets portés par des acteur⋅rices de changement avec et pour les personnes concernées. Les actions se mènent avec les personnes, en veillant à leur émancipation individuelle et collective. La Zone de droit relie les actions locales de solidarité immédiate aux actions fédérales pour agir sur les politiques qui décident de la mise en place des politiques d’asile et de migration.

Voir-Juger-Agir, un processus d'action en Education permanente (1)Fiche pédagogique

Élaboré et conceptualisé à travers l’action de la JOC (Jeunesse ouvrière chrétienne) au début du 20e siècle, le processus d’action Voir-Juger-Agir (VJA) est la marque de fabrique de l’action collective développée au sein des organisations du Mouvement ouvrier chrétien. Véritable démarche d’Éducation permanente, le VJA garde tout son sens et sa pertinence en cette période complexe dans laquelle les organisations sociales peinent à rejoindre celles et ceux qui vivent des situations d’exclusion et de marginalisation sociales, économiques, culturelles importantes. Cette démarche se mène dans l’action, par l’action… dans le faire, par le faire. Elle se réalise en groupe, parfois à partir de rencontres informelles, dans des lieux variés… Les contextes demandent à chaque fois de s’interroger sur le moyen d’aller à la rencontre de pairs. Les confinements liés à la pandémie, les difficultés actuelles qu’éprouvent les personnes en grande fragilité pour rejoindre des groupes structurés, le repli sur soi lié à la numérisation de la société nous invitent à inventer de nouvelles manières de « faire collectif ».

Parmi les différences d’interprétation du sens de la démarche, relevons celle qui concerne la place de l’analyse. Pour certain⋅es, elle relève du VOIR et pour d’autres, du JUGER. Nous situons quant à nous l’analyse dans le VOIR car elle contribue à une prise de distance de la réalité. Ensuite, le JUGER permet de discerner les ressorts et composantes de la situation et de se positionner. Ainsi, JUGER, c’est regarder le VOIR (les faits et l’analyse) et sur base des convictions/des aspirations/des rêves/des valeurs/des utopies…, prendre position et donner les orientations de l’action, opérer une rupture par rapport à la dynamique de la situation en s’orientant vers des valeurs. Cette option d’intégrer l’analyse dans le VOIR reste bien sûr ouverte à la discussion, car c’est via l’expérience et la confrontation que la compréhension du VJA trouvera à s’enrichir. Cette fiche a pour objectif de présenter la démarche VJA, qui a fait l’objet de peu de publications. Elle est essentiellement transmise par la pratique, par le récit qui relève de la culture de l’oralité, et formalisée à travers la formation.

Mal loti.es, une expériece d'Education permanente à TournaiPage 16

Mal loti·es ” est l’histoire d’un drame humain comme on en connait beaucoup d’autres en Wallonie et ailleurs : un bâtiment insalubre, un propriétaire qui ne se soucie guère de ses locataires et des pouvoirs publics qui laissent faire. Jusqu’à ce qu’une nuit, un incendie mette 33 ménages à la rue. Une nuit qui entraine la mort d’une personne et chamboule également de nombreuses vies. L’histoire aurait pu rester un fait divers, une énième démonstration d’une politique de logement aux abois et dont les plus faibles paient le prix, deux voire trois fois. Mais il en a été autrement. Non pas une histoire de super héro·ïnes et de méchant·es, mais une succession d’actions et de mobilisations qui ont fini par payer et redonner un peu de dignité. Ce genre d’histoire qui fait la différence parmi l’indifférence.

Migr'action, un projet européen pour une société inclusivePage 18

Les migrations font partie de l’histoire de l’humanité. Cependant, de nos jours, elles sont de plus en plus réprimées par des politiques s’inscrivant dans une logique de fermeture et de restriction des droits à l’égard des migrant⋅es. Leur situation en Europe devient donc de plus en plus difficile. Au cours de ces deux dernières années, sept partenaires italiens, français et belges se sont mobilisés autour de la thématique de l’intégration des migrant⋅es en Europe dans l’optique de partager des savoirs et des pratiques. Les constats émergés lors de ces échanges montrent que les migrant⋅es se retrouvent dans des situations extrêmement défavorisées en termes d’éducation, d’emploi, d’accès aux services de base, tels que les soins de santé ou un logement décent. Il est urgent de prendre en compte le réel souhait et le besoin d’intégration de ces personnes non-nationales dans les domaines de la vie dont les accès feront d’elles des membres à part entière de leur société d’accueil. Cela demande une interpellation pour renforcer les droits de ce public dans les sphères essentielles que sont l’accueil, l’éducation et la formation, l’emploi et le logement. Le 18 janvier 2023, nous nous sommes retrouvé⋅es une dernière fois, entre partenaires, collaborateur⋅rices et sympathisant⋅es du projet Migr’action pour marquer la fin de ce travail entamé en septembre 2020. Évidemment, cette fin ne signe pas celle d’un partenariat qui a encore de nombreux projets et échanges à accomplir. C’est l’occasion d’un petit retour en arrière sur cette expérience professionnelle, mais aussi personnelle, des plus enrichissantes.

Esperluette n°116 - Avril/Mai/juin 2023

Migration : au-delà des frontières de l'acceptables -Crise face aux demandes d'asile : retour sur la stratégie combattive des occupationsPage 7

Peux-tu nous expliquer le contexte de la crise de l’accueil des demandeur·euses d’asile ? Cela fait maintenant plus d’un an et demi que les demandeur·euses d’asile ne sont plus pris⋅es en charge par l’État belge. Normalement, quand il⋅elles introduisent leur demande d’asile, il⋅elles ont accès à un hébergement dans des centres Fedasil et aux droits qui y sont liés (carte orange pour pouvoir travailler, suivi médical, suivi juridique). Depuis un an et demi, le réseau est saturé, les demandeur⋅euses d’asile n’ont plus de place en centres et sont contraint⋅es de dormir dans la rue. La procédure de demande d’asile dure en moyenne 6 mois et donc, il⋅elles sont à la rue pendant 6 mois. C’est tout à fait illégal, contraire à la loi belge et au droit international. L’État belge a été condamné plus de 8.000 fois par le Tribunal du travail. La Cour européenne a aussi condamné plusieurs centaines de fois la Belgique. Les juges ont ensuite commencé à soumettre l’État belge à des astreintes, mais il refuse de les payer. Il doit environ 250 millions d’euros suite aux astreintes. Aujourd’hui, tout le monde sait que c’est illégal, mais l’État ne fait toujours rien. Et la situation a tendance à empirer. Il y a deux mois, il y avait environ 2.500 demandeur⋅euses d’asile non hébergé⋅es et aujourd’hui, 3.000. Il y a eu un tout petit sursaut politique au cœur de l’hiver quand il faisait -15 degrés, mais depuis, plus rien.

Migration : au-delà des frontières de l'acceptables - Parcours d'intégration wallon : approche critiquePage 9

Un parcours centré sur quatre axes Les enjeux de l’intégration font l’objet de discussions depuis plus de 30 ans dans les sociétés occidentales d’immigration. L’évolution des débats a montré un passage progressif d’une stratégie d’intégration de nature multiculturaliste vers la mise en place de dispositifs de nature assimilationniste priorisant l’acquisition de compétences linguistiques et de connaissances civiques. Sous l’impulsion de l’Europe, la majorité des pays européens ont ainsi mis en œuvre des programmes d’intégration civique obligatoires pour les nouveaux migrant⋅es. En Belgique, la Flandre a adopté ce dispositif en 2003. Depuis un décret de 20143 modifié à plusieurs reprises, la Région wallonne a également mis en place un parcours d’intégration. Son objectif est d’accueillir et d’accompagner les nouveaux résident⋅es étrangers, de les aider à acquérir les connaissances de base relatives au fonctionnement de la société et des relations sociales en Belgique, dans le but de faciliter leur intégration. Outre en Flandre et en Wallonie, il existe aussi un parcours d’intégration à Bruxelles avec une approche et des modalités différentes

Migration : au-delà des frontières de l'acceptables - Migration écologique : la résilience des populations face à l'émergence climatiquePage 13

Nous faisons face à un des plus grands défis de l’histoire de l’humanité. Selon les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), si nous maintenons notre rythme d’émission de gaz à effet de serre au même niveau qu’actuellement, le réchauffement moyen dépassera les 4 degré d’ici la fin du 21e siècle, par rapport à l’ère préindustrielle. Selon leurs dernières recherches, les conséquences du réchauffement seraient déjà dévastatrices avec 1,5 degré de réchauffement. Or, l’Accord de Paris sur le climat signé en 2015 fixe comme objectif de ne pas aller au-delà de 2 degrés de réchauffement. Sachant que la grande majorité des États se révèlent incapables d’atteindre cet objectif, si peu ambitieux soit-il, il n’est pas inconsidéré d’affirmer que nous faisons actuellement fausse route.

Les jeux de société pour mobiliser des compétencesFiche pédagogique

Les jeux sont de plus en plus utilisés en formation d’adultes et en éducation permanente. Nous pensons généralement aux jeux de rôle, un type bien ancré dans nos animations. Ces dernières années, quelques jeux de société conçus autour d’une thématique bien précise ont aussi fait leur apparition en formation. Des associations en éducation permanente créent aussi des jeux pour travailler certains thèmes en animation, comme la FEC l’a fait sur la Sécurité sociale et le développement durable en entreprise. Qu’en est-il du jeu de société banal des magasins de jeux ? Celui avec lequel nous jouons entre amis ou en famille pour prendre du plaisir et se retrouver ? car les jeux de société ont aussi des vertus pédagogiques. Précédemment, une fiche pédagogique publiée dans L’Esperluette sur les jeux en éducation permanente décrivait les différents moments des jeux. Ici, notre objectif est de montrer qu’avec des jeux de société, en jouant suivant les règles traditionnelles, les participant·es peuvent développer des compétences et/ou en acquérir de nouvelles, mais aussi les formateur⋅rices peuvent les utiliser dans des cours, formations et/ou animations pour atteindre différents buts pédagogiques.

Une boule géante de textiles traverse la rue Neuve pour commémorer les victimes du Rana PlazaPage 15

Ce 24 avril 2023, une boule de vêtements géante a littéralement déambulé dans la Rue Neuve, à Bruxelles. Cette boule symbolise le caractère destructeur de la fast fashion, un modèle d’industrie vestimentaire qui n’en finit pas de faire des victimes et d’inonder le monde de ses montagnes de déchets. Dix ans après l’effondrement de l’immeuble Rana Plaza au Bangladesh, qui a couté la vie à 1.138 travailleur·euses de l’habillement, la performance et notre rassemblement commémoratif rendaient hommage aux victimes et appelaient à l’action politique forte et urgente. Au Bangladesh, en effet, les avancées obtenues sont encore trop faibles

Zone de droit en Hainaut Centre– Page 18

En Belgique, au moins 150.000 personnes, presque 1 % de la population, sont sans droits de séjour. Vivre sans autorisation de séjour, c’est vivre sans droits de citoyenneté, ce qui provoque une situation de précarité innommable à tous points de vue (santé, logement, formation, travail, etc.). Qu’elles soient migrant⋅es sanspapiers, travailleur⋅euses ou bénévoles, migrant⋅es en transit, migrant⋅es dublinés, ou qu’elles aient d’autres raisons de rester dans l’ombre du fait d’un statut de séjour précaire, ces personnes vivent au quotidien une pression constante, des peurs, subissent des discriminations, une auto-exclusion et pour beaucoup, des arrestations qui parfois les conduisent dans les centres fermés.

Esperluette n°117 - Juillet/Août/Septembre 2023

La chaîne du care plutôt que le care à la chaîne : Reconnaître le care pour mieux lutter contre ce qui nous opprimePage 4

D’où vient la notion de care ? La notion de care vient de deux grands ensembles théoriques qui mobilisent ce concept dans les années 1960-1970. Tout d’abord, des chercheuses féministes se sont intéressées à la question du travail domestique. En effet, dans les années 1960-1970, une réflexion a été menée au sein des mouvements de femmes mais aussi dans les universités, pour faire émerger une réalité impensée, qui était subie, rendue « naturelle », à savoir le fait que les femmes assumaient la majeure partie d’un travail qui n’était pas considéré comme tel, qu’on appelait les tâches ménagères. On cherche, à ce moment-là, à visibiliser ce travail invisible et gratuit. De nombreux travaux apparaissent en France avec Christine Delphy mais aussi en Grande-Bretagne ou en Italie avec, notamment, Silvia Federici. On est au cœur de la deuxième vague féministe, dans un contexte de pénurie de main-d’œuvre où on cherche à comprendre pourquoi les femmes sont moins présentes sur le marché du travail que les hommes.

La chaîne du care plutôt que le care à la chaîne : Têtes hautes malgré des conditions de travail difficiles : la pugnacité des aides familialesPage 7

En tant que permanente syndicale, tu t’occupes de plusieurs secteurs dont celui des aides familiales. Peux-tu nous présenter ce secteur et en quoi consiste ton travail ? Le secteur des aides familiales (AF) est un gros secteur du non marchand, qui est assez structuré syndicalement. Il comprend d’importantes entreprises (d’environ 350 travailleuses), comme les ASD (Aides et soins à Domicile) et les CSD (Centrales des Services à Domicile). À côté de ces structures, on trouve aussi de plus petites entreprises, souvent communales (de 20 à 90 travailleuses). Les travailleurs de terrain qui sont majoritairement des femmes (c’est pourquoi nous parlerons de travailleuses) proviennent pour la plupart des classes populaire et moyenne ; elles subissent souvent un certain « mépris de classe » de la part de leur direction. Sur Bruxelles, la grande majorité des AF sont en outre issues de l’immigration et subissent un racisme quotidien. Dans ce contexte, elles ont compris qu’il fallait se syndiquer pour pouvoir se défendre. C’est pourquoi le taux d’affiliation est élevé, généralement proche de 98 % dans les ASBL que j’accompagne. En outre, les équipes syndicales, composées presque exclusivement de femmes, sont fortes dans le secteur et constituent une réelle force active de proposition au sein de leur Commission paritaire et du secteur « non-marchand ».

La chaîne du care plutôt que le care à la chaîne : La chaîne globale du soin, ses enjeux et impacts mondiauxPage 10

Le 30 mai dernier, l’ACV-CSC, la Mutualité chrétienne et WSM se sont rassemblés pour une journée de réflexion et d’inspiration consacrée à la Chaine Globale du Soin. L’objectif de cette journée était de réunir les acteur⋅rices du mouvement touché⋅es par l’un ou l’autre des aspects de cette chaine, de confronter leurs points de vue pour mieux cerner celle-ci. Le but était également de définir ensemble les objectifs d’un travail commun autour des enjeux que soulève la Chaine Globale du Soin. La rencontre s’est déroulée en deux temps : un premier pour brosser l’ensemble des éléments de la chaine ; un second pour mettre en lumière ses facettes concrètes. Qu’est-ce que la Chaine Globale du Soin ? Utilisé pour la première fois par la sociologue américaine Arlie Hochschild, l’expression « Chaine Globale du Soin » (« Global Care Chain » en anglais) nomme des transferts des responsabilités de soin et de travail reproductif d’un ménage à un autre, transferts basés sur des hiérarchies de pouvoirs, telles que le genre, l’appartenance ethnique, la classe sociale ou l’origine. Ces transferts impliquent en outre la création de grandes chaines d’approvisionnement en maind’œuvre. Le terme décrit la forme que prend la mondialisation du marché du travail du soin et les déplacements internationaux des travailleur⋅euses du secteur. Comme l’explique Aurélie Leroy du CETRI1 , ces dernières années, une partie du travail de soin a été progressivement externalisée sur un marché du travail globalisé. Des travailleur⋅euses, essentiellement des femmes, issues de pays et de ménages à plus faibles revenus, migrent pour trouver de l’emploi à l’étranger dans le domaine du soin (garde d’enfant, aide à domicile, garde malade…) et comblent une pénurie de main-d’œuvre en matière de soin donnant naissance à « une division internationale du travail reproductif ou les chaines mondiales du care ». En effet, ces travailleuses migrantes laissent derrière elles leurs propres enfants à élever, leurs parents à soigner… à la charge de leurs familles ou d’autres travailleuses domestiques, créant ainsi ces chaines globales

Extrême droite et racisme : des actions et des jeux pour les faire circulerPage 16

Un peu partout en Europe et dans le monde, l’extrême droite monte. En Belgique francophone, irréductibles Gaulois·es que nous sommes, aucun leader charismatique de cette tendance ne fait tache d’huile parmi nos représentant⋅es politiques. J’aime à penser que c’est en partie grâce à la culture d’éducation permanente qui anime notre territoire et apporte plus de réflexion, d’échange et de sens critique à notre « citoyenneté ». Cependant, nous ne sommes pas à l’abri des influences que nous subissons de toute part. À commencer par le fait que nous sommes pris·es en sandwich entre la Flandre et la France, entre le « Vlaams Belang », le « Rassemblement national » et « Reconquête ». De plus, un parti francophone d’extrême droite nommé sans détour « Chez nous » tente en ce moment même de récupérer les peurs des natif⋅ves belges. Ce parti suscite leur sentiment d’injustice en leur opposant une immigration qui serait « massive » et une islamisation qui transformerait notre pays. S’il est un mouvement national

Le conflit socio-cognitif et les intérêts des apprentissages coopératifs en formation d'adultesFiche pédagogique

Réaliser cette fiche pédagogique sur le conflit socio-cognitif a nécessité de consulter différentes sources théoriques et de solliciter des personnes impliquées dans l’enseignement, la formation pour adultes ou l’Éducation permanente. La plupart des réactions à l’énoncé du sujet s’est souvent apparentée à un « Ouch !/Ouf ! » dubitatif, voire consterné. D’autres ont contribué à alimenter ma réflexion en faisant des liens notamment avec les droits culturels,...mais LA personne ressource qui m’a le plus guidée pour l’élaboration de cette fiche est Gérard Pirotton. Ancien permanent CIEP-ISCO et conseiller à la formation à la FOPES, il a rédigé une Présentation du conflit socio-cognitif appliqué à la formation des adultes en 1996 pour un séminaire de l’équipe communautaire CIEP. C’est dire combien le conflit socio-cognitif est un sujet de réflexion de longue date pour le CIEP. Cette fiche pédagogique a pour objectif de présenter en quoi consiste le conflit socio-cognitif et de montrer son intérêt dans la formation pour adultes et en Éducation permanente

De la désobéissance civile à des actions collectives durables contre l'extrême droitePage 18

Point de départ Tout a commencé le samedi 25 janvier 2020, lors de cette journée noire pour la démocratie dans la région de Charleroi. En réponse à l’appel de la CSC, de la FGTB et du monde associatif, un front antifasciste composé d’une petite centaine de citoyen⋅nes s’est réuni pacifiquement à Gilly (Commune de Charleroi), pour manifester sa désapprobation face à la tenue d’une réunion du Parti National Européen, parti d’extrême droite. Les organisateurs de cette contre-manifestation avaient informé les autorités compétentes de la tenue de ce rassemblement. Notre intention était de vouloir retarder les travaux en bloquant l’entrée du lieu. Pourtant, les forces de l’ordre n’ont pas hésité à réagir de manière violente et disproportionnée envers les manifestant⋅es, en ayant recours aux gaz lacrymogènes, matraques et autopompe pour les déloger et libérer l’entrée du bâtiment. Le lendemain, lors de la réunion du Conseil communal de Charleroi, la FGTB et la CSC dénoncent les dérapages des forces de l’ordre. Bien que le Bourgmestre Paul Magnette ait endossé ses responsabilités, les questionnements du front commun syndical portent essentiellement sur l’avenir et la possibilité d’interdire tout événement à caractère fascisant, qu’il soit public ou privé sur le territoire. À l’époque, aucun outil juridique ne permet une telle interdiction. Le 20 février 2020, une rencontre avec le Bourgmestre fait le point sur la situation et demande une enquête externe. Parallèlement, une plainte collective est introduite par la FGTB.

Esperluette n°118 - Octobre/Nov/Déc 2023

Etre Centre culturel en milieu populaire, entre réflexion, pratique de terrain et vécusPage 7

Quand on demande aux citoyen·nes de définir ce qu’est un Centre culturel, il·elles répondent très majoritairement que c’est une salle de spectacle plus ou moins grande, implantée sur une commune, qui propose des concerts et du théâtre. Ce n’est pas faux, évidemment, mais ce n’est pas non plus tout à fait vrai. La plupart des gens réduisent un Centre culturel à sa seule mission de diffusion des arts vivants. Pourtant, certains Centres culturels ne disposent même pas d’une salle, mais ils bossent tout de même ! En effet, ce n’est pas la diffusion qui est inscrite au cœur du décret relatif aux Centres culturels de 2013. L’ADN d’un Centre culturel, le carburant de ses actions sur un territoire sont les droits culturels ! Cette précision est d’une grande importance car, même si la notion de « droits culturels » peut paraitre floue de prime abord, chacun·e peut percevoir qu’en faisant spécifiquement référence aux « droits », c’est l’humain qui se trouve au centre des préoccupations. Le pluriel souligne en plus le caractère complexe, multiple, diversifié de la démarche. Il faut donc connecter le travail du Centre culturel à la problématique des droits humains. Un droit culturel, au même titre que le droit à la justice ou le droit à un logement, est un élément constitutif du bien-être et de la dignité humaine. Tou·tes les citoyen·nes ont le droit de participer et d’avoir accès à des cultures ; personne ne peut en être écarté ou privé, car il s’agit d’un facteur central à l’épanouissement des individus et des groupes d’individus. Dès lors, une société qui se veut démocratique, se doit de mettre en place des moyens pour réduire les inégalités en matière d’accès et de jouissance de ces droits. Par exemple, en proposant des lieux qui encouragent et facilitent leur usage. C’est pour cela que plus de 115 Centres culturels sont subsidiés en Fédération Wallonie-Bruxelles !

Luttons en chants, un champ de luttes– Page 9

Le chant, révélateur social « Una mattina mi sono alzato, O Bella Ciao, Bella Ciao, Bella Ciao, Ciao, Ciao ». Ce début de chant et ces quelques notes sont désormais partagés, repris, chantés, fredonnés … suscitant même la controverse sur ses réappropriations multiples. L’origine de Bella Ciao est à la fois connue et méconnue, souvent associée à la résistance des partisan·es pendant la Seconde Guerre mondiale, mais qui doit également sa source originelle aux chants des mondine, ces travailleuses italiennes des rizières du Pô. Débuter cet article sur le chant de lutte en évoquant Bella Ciao a tout de l’évidence, voire de la caricature. Au-delà de la célébrité de ce chant (et de ses «  mésusages  ») se déploie une histoire du chant dans l’espace social, dans l’espace de travail et dans celui de la lutte.

Des vies suspendues face au non-recours aux droits sociauxPage 12

Depuis plusieurs années, les femmes de Vie Féminine (VF) témoignent quotidiennement de situations de non-recours aux droits et d’expériences où elles n’ont pas pu ou pas su faire valoir leurs droits. Citons par exemple : un accueil qui laisse à désirer, des informations pas toujours très claires, des demandes (pas toujours légales) qui conditionnent l’octroi d’une aide ou d’un service, des services qui passent par le tout numérique et laissent sur le bord de la route toutes celles qui n’ont pas accès à internet, maitrisent moins bien le français ou ne s’y retrouvent pas dans le dédale des étapes pour remplir « correctement » un dossier. Cela coute en temps, en argent et en énergie et fait le lit de la précarisation des femmes. Derrière chaque situation se trouvent des parcours de vie de femmes trop souvent invisibilisées et ignorées, voire méprisées. Vu leur importance numérique, VF s’est emparée, dans une démarche d’Éducation permanente féministe, de ces réalités pour agir avec les femmes et transformer leurs conditions, interroger et bousculer les structures qui perpétuent ces violences … pour que leurs mots comptent et qu’une place digne leur soit accordée.

La jeunesse guinéenne face aux violences basées sur le genrePage 16

Comment les jeunes peuvent-ils contribuer aux changements et à l’éradication des violences basées sur le genre (VBG) ? Cette question est au centre des ateliers 1 organisés par WSM en aout 2023 en Guinée. L’objectif de ces trois jours était de construire avec et pour les jeunes une démarche contribuant à la prévention et à l’éradication des VBG, en lien avec le travail de la société civile active sur cette thématique. En effet, en Guinée, les VBG constituent une problématique importante : 80 % des personnes entre 15 et 64 ans ont subi au moins une forme de violence sexuelle depuis leurs 15 ans. 96 % des filles sont excisées ; la Guinée étant le deuxième pays d’Afrique à pratiquer les mutilations génitales féminines2 . Le nombre de mariages forcés y est très important. Même si la parole se libère sous l’impulsion de femmes et d’organisations de la société civile, le viol reste encore un sujet tabou peu documenté. La plupart des problèmes sont traités via des règlements coutumiers et en famille. L’État a bien des dispositifs inscrits dans la loi, mais leur mise en application manque cruellement.

Passages, vidéo pour accéder à la culturePage 20

Comment faire participer à la vie culturelle un public issu de l’immigration ? Quel intérêt ont les personnes d’origine étrangère pour la culture, la leur d’abord et celle du pays d’accueil ? Quelle place est donnée aux productions culturelles d’un public qui semble souvent se sentir peu légitime ? Comment nos stagiaires aux formations en français langue étrangère (FLE) ou à la citoyenneté peuvent-ils·elles avoir accès aux différentes activités culturelles de la région et y prendre part ? Le CIEP Wapi se pose régulièrement ces questions. La ville de Tournai regorge d’occasions pour s’enrichir culturellement. Pourtant, nos stagiaires sont souvent passif·ves dans l’espace public, bien qu’en classe il·elles s’expriment sur leur relation avec les arts et les cultures. Le festival Tournai Ville en Poésie propose d’exposer une œuvre artistique et le CIEP Wapi y participe depuis quatre ans. En 2023, lors de la huitième édition, un petit groupe de stagiaires du CIEP Wapi a présenté un court-métrage pour s’exprimer autour du thème : habiter.

Quand l'humour soutient l'action collective -  Fiche pédagogique

L’humour ne se réduit pas à produire du rire et à (se) distraire. Grâce notamment aux caricatures, mises en situation décalées, blagues, jeux de mots ou ironie, il constitue un outil de contre-pouvoir intéressant à mobiliser à condition d’être utilisé à bon escient. Au niveau de la communication, il possède aussi d’autres fonctions : attirer l’attention, créer de la connivence, susciter une prise de distance. L’humour est utilisé par les mouvements sociaux comme facilitateur pour diffuser leurs messages et les rendre davantage populaires et percutants. Face au contexte général de démobilisation sociale et de remise en cause des acquis sociaux, ces mouvements s’interrogent de plus en plus sur les moyens de faire passer leurs arguments et de convaincre un large public non nécessairement militant : comment communiquer ses messages et être écoutés ? Comment marquer les esprits dans un contexte d’infobésité et d’individualisme ? Est-il possible, grâce au rire, de renforcer l’adhésion et mettre le focus sur les enjeux collectifs et sociaux ? Comment faire en sorte qu’humour et action collective fassent bon ménage, sans dérive ni mauvaise interprétation ? Peut-on rire de tout et dans tous les milieux ? L’objectif de cette fiche pédagogique est double. Un premier volet développe comment explorer l’humour comme allié de la communication des mouvements sociaux et cerner son pouvoir pour renforcer l’action collective. Un second volet présente et analyse des exemples concrets développés par des mouvements sociaux en fonction des grilles pour mieux cerner son impact sur la population.

DEMOCRATIE

Démocratie N°1 - Janvier 2023

Un accès inégal au suivi psychologique

La satisfaction de vie des habitant·es est assez élevée en Belgique. Avec un score de 7,4 sur 10, on se situe même au-dessus de la moyenne européenne. Derrière cette bonne note se cachent toutefois des disparités. Certaines catégories de la population se trouvent davantage en proie aux difficultés psychologiques que d’autres. Quel est l’impact des inégalités sur le recours aux soins en santé mentale ? Le service d’études de la Mutualité chrétienne (MC) a étudié la question et livre ici une analyse des freins rencontrés dans l’accès aux soins psychologiques 

Des espaces-refuges pour résister

Au plus fort de la crise de l’accueil qui culmine en 2015, des élans massifs de mobilisations citoyennes voient le jour. Des milliers de personnes se pressent pour accueillir – aux frontières et dans les gares – les rescapé·es des conflits militaires syriens. De tous les âges, ils ont été déracinés par la guerre et contraints à fuir leurs territoires vers des lieux sûrs. Leurs conditions, leurs histoires, leurs expériences vont frapper les imaginaires et bâtir les assises de solidarités d’une ampleur nouvelle.

Le mouvement ouvrier britanique peut-il inverser la tendance ?

Aucun syndicat n’a une plus longue histoire en matière de lutte sociale que le Trades Union Congress (TUC). Sous l’impulsion du travail précurseur du TUC, le Royaume-Uni était autrefois un modèle pour notre législation du travail. En Belgique, la semaine de travail de cinq jours était connue sous le nom de « semaine anglaise ». Fin octobre, le TUC a tenu son 154e Congrès à Brighton, dans un contexte à des années-lumière de ce rôle emblématique historique : avec la livre sterling, l’ensemble de l’économie britannique et le gouvernement de la Première ministre Liz Truss sont en chute libre.

Pérou : les racines de l'instabilité politique

Depuis plusieurs années, le Pérou traverse une crise politique majeure. L’élection du président de gauche, Pedro Castillo, en juillet 2021, apportait un vent d’espoir de changement et de stabilité. Après seize mois de mandat, on est loin du compte. Le chef du gouvernement n’a pas pu mener les réformes promises face à un Congrès hostile à toute proposition sociale. Le 7 décembre dernier, il a été destitué à la suite d’une tentative échouée de dissolution du Congrès. Le Pérou s’enfonce un pas de plus dans la crise politique.

Démocratie N°2 – Février 2023

Démondialisation : impasse ou nécessité ?

Plus que jamais avec la pandémie que nous venons de subir à l’échelle mondiale et dans le contexte de l’entrelacement de crises écologiques, économiques et démocratiques sans précédent, il parait pertinent de parler de démondialisation. On pourrait la définir de manière générale comme un processus visant à réduire la dépendance d’un pays ou d’un ensemble de pays des chaines de valeur mondialisées et donc à relocaliser des pans entiers de l’économie. Cette idée, qui circule depuis une vingtaine d’années dans le champ de la gauche, mais dont la droite peut aussi par moments se servir, semble aujourd’hui gagner des parties importantes du champ politique

Affronter les inégalités sociales : un enjeu incontournable pour l'avenir

« La dignité humaine est intangible » dit le premier article de la Loi fondamentale allemande. Aujourd’hui, les inégalités socioéconomiques qui divisent l’Allemagne la menacent. Cet article fait le point sur le manque d’ambition politique pour plus d’équité outre-Rhin et a contrario les innovations côté syndical et société civile.

Il est urgent de mener un travail de sensibilisation sur les prisons'

Faire de l’ancienne prison de Forest un musée, c’est le projet de l’asbl 9 m2 composé de citoyen·nes, acteurs associatifs et du monde de la justice. L’objectif est de proposer un outil pédagogique et un espace de réflexion sur l’enfermement et le système pénal. Ce type d’initiative a déjà vu le jour dans les murs de la prison de Tongres entre 2005 et 2008.

Démocratie N°3 – Mars 2023

Reformuler les récits

Dans un contexte d’hostilité croissante envers les personnes migrantes, le projet européen Opportunities se penche sur la façon dont les récits façonnent et influencent les attitudes et les mentalités des Européen·nes à leur égard. Il entend identifier les leviers pour produire des contre-discours dans lesquels les exilé·es ont aussi une voix.

Et si les travailleur.ses décidaient ? Retour sur le référendum au CHU St Pierre

Nous avons choisi, en tant que chercheuses universitaires défendant inlassablement les droits démocratiques, de nous engager dans un conflit social récent en soutenant un processus permettant l’expression de la voix des travailleurs et travailleuses sur leur lieu de travail. Il s’agit du référendum à l’initiative des travailleurs et travailleuses, organisé les 14, 15 et 16 juin 2022 au CHU Saint-Pierre (Bruxelles). Adressé à l’ensemble du personnel de l’institution, le référendum leur proposait de s’exprimer sur une décision qui les concerne toutes et tous : la privatisation du service de gardiennage. Cet article offre une analyse qui contextualise le conflit et montre la pertinence de notre engagement. 

Sous le voile, les discriminations des femmes en Iran

En septembre 2022, la mort de Mahsa Jina Amini, une jeune Iranienne, survenue après son arrestation par la police des mœurs, pour port incorrect du voile, a été suivie de larges manifestations dans lesquelles les jeunes femmes, rejointes assez rapidement par les hommes, ont d’abord remis en cause le port obligatoire du voile puis ont dénoncé le régime lui-même et exigé le départ du guide suprême Khamenei. Le voile obligatoire a été beaucoup commenté, mais il ne constitue que le sommet de l’iceberg. Les femmes en Iran font l’objet de multiples discriminations, ce dès la prise de pouvoir de l’ayatollah Khomeiny.

Nous méprisons le travail reproductif pourtant d'une absolue nécessité"

L’UCLouvain a décerné le 16 février dernier le titre de docteure honoris causa à Adelle Blackett, professeure de droit à l’Université McGill à Montréal, qui a mis son expertise au service de la lutte contre l’exploitation au travail, en particulier des travailleuses migrantes. Ses recherches ont énormément apporté en termes d’inclusion des personnes les plus vulnérables dans le droit du travail et dans la lutte contre le travail forcé et les formes contemporaines de l’esclavage. Elle a notamment participé à l’élaboration de la Convention C189 de l’Organisation internationale du Travail (OIT) sur un travail décent pour les travailleur·ses domestiques.

Démocratie n° 4 – Avril 2023

Inégalités de santé : comment réduire l'écart ?

Plus les quartiers sont pauvres et plus l’état de santé de leurs habitants et habitantes est mauvais. C’est le constat principal d’une étude à grande échelle de la Mutualité chrétienne (MC). Un des objectifs de l’accord fédéral de coalition en matière d’inégalités de santé est de réduire d’au moins 25 %, d’ici 2030, l’écart de santé entre les personnes ayant la plus grande et la plus petite espérance de vie en bonne santé. Mais comment mesurer et contrôler la réalisation de cet objectif ? Des pistes avec cette nouvelle étude de la MC

Pour une carte citoyenne communale

À la suite de nombreuses villes, Liège pourrait prochainement proposer une « carte citoyenne communale » à l’ensemble de sa population. En réflexion, le projet vise à développer une nouvelle forme de citoyenneté locale sur des fondements de solidarité et de participation sociale. Cet article revient sur l’origine des cartes locales, leur logique, mais aussi leurs perspectives et leurs limites.

Nous rentrons dans un nouvel âge des mouvements sociaux'

Pierre Rosanvallon, historien et sociologue français, revient sur ce que les mouvements sociaux récents en France, notamment les gilets jaunes et le mouvement contre la réforme des retraites, nous apprennent sur la transformation actuelle des formes de mobilisation. Propos recueillis lors d’une rencontre intersyndicale à Bruxelles en mars 2023.

Démocratie n°5 – Mai 2023

Nos cerveaux et les discours politiques

Pour qui aspire à une société où les règles générales et les comportements individuels sont guidés par l’empathie, la solidarité, le souci de l’autre et de son épanouissement, les incessantes sorties du président du MR et son envahissement du paysage politico-médiatique belge francophone sont sans doute une source de préoccupation, voire d’irritation. Il s’agit en réalité des manifestations d’une stratégie fondée sur des recherches les plus avancées à partir de cette question : comment les cerveaux humains appréhendent-ils les discours politiques ? Comprendre ce fonctionnement et construire sur cette base des résistances stratégiques est nécessaire pour mener la bataille culturelle en jeu. Le linguiste américain George Lakoff peut nous y aider

Les crises font naitre des débats très forts sur la fiscalité'

À l’heure où le gouvernement prépare une réforme fiscale et où l’impôt sur la fortune resurgit dans les débats, il est intéressant de se plonger dans l’histoire de la fiscalité, intrinsèquement liée à l’histoire politique et sociale de notre pays. Simon Watteyne, historien, est l’auteur d’une thèse sur les conflits politiques autour de l’impôt en Belgique de 1830 à 1962.

Démocratie n°6 – Juin 2023

Maman solo : stratégies d'action pour dépasser les vulnérabilités

Le non-recours aux droits sociaux est un phénomène complexe qui touche particulièrement les femmes en situation de monoparentalité. Comme différents travaux ont pu le mettre en évidence, la monoparentalité féminine s’accompagne d’épreuves multiples. Dans le cadre d’une recherche que nous avons menée, nous avons rencontré douze femmes en situation de monoparentalité qui fréquentent l’association Vie Féminine.

Pourquoi les associations utilisent-elles l'action en justice pour promouvoir des causes salariales ou politiques ?

De plus en plus souvent, des associations recourent à la justice dans un but de changement social et politique lorsque des carences sont identifiées en matière de respect des droits humains dans l’action d’entreprises ou de l’État. Quelle analyse pouvons-nous faire de ces mobilisations judiciaires en vue d’obtenir du changement social ? Quelle est l’histoire, l’évolution de cette forme de mobilisation ? Et que nous apprend-elle sur la démocratie ?

Démocratie n° 7/8 - Juillet/Aout 2023

Des temps bouleversés pour un temps libéré ?

Les multiples chamboulements qui transforment notre monde pourraient être une formidable occasion pour envisager une civilisation du temps libéré. Il y a 30 ans, le philosophe franco-autrichien André Gorz dressait le constat amer d’une société incapable de penser un temps de vie libéré du travail, posant la question d’une nouvelle civilisation qui, parce qu’elle ouvre sur un temps libéré, modifiera radicalement nos manières de vivre.

Capital culturel et inégalités sociales Morales de classes et destinées sociales

En quoi un ouvrage de sociologie de près de 45 ans constitue-t-il une œuvre marquante justifiant sa place dans la Bibliothèque idéale des sciences sociales et en quoi nous parle-t-il encore aujourd’hui ? Nous allons tenter de le comprendre via un entretien avec Georges Liénard à l’occasion de la réédition de l’ouvrage « Capital Culturel et inégalités sociales. Morales de classes et destinées sociales », tiré d’une thèse de sociologie co-écrite en 1975 avec son ami Émile Servais. Il s’agissait de l’une des premières enquêtes d’envergure sur les mécanismes de socialisation des enfants, sur les rapports à l’école selon les classes sociales, et plus généralement sur la transmission du capital culturel entre les générations. Après avoir invité Georges Liénard à revenir sur l’objectif de sa thèse co-écrite avec Émile Servais, dans le contexte de l’époque, l’entretien évolue vers une discussion collective. Nous y évoquons ce qui a changé depuis lors sans que les fondamentaux soient pour autant modifiés, la place laissée aux acteurs, le rôle des institutions, le tout finalement illustré par la situation de l’enseignement.

Démocratie n° 9 – Septembre 2023

Dans les coulisses des congrès

https://www.revue-democratie.be/index.php?option=com_content&view=article&id=1635:dans-les-coulisses-des-congres&catid=20&Itemid=127

Les congrès ponctuent la vie des mouvements, des organisations sociales et des partis politiques. Dans ce numéro sorti de presse à quelques jours du congrès du MOC, nous avons voulu savoir ce que signifiaient les congrès pour ceux et celles qui les pilotent, mais aussi le sens, les orientations et les directions qu’ils donnent aux organisations. Autour de la table, nous avons réuni les responsables du MOC, de Vie Féminine, des Équipes populaires et de la CSC wallonne, engagé·es depuis plusieurs mois dans la préparation de leur congrès respectif : Marc Becker (CSC), Ariane Estenne (MOC), Aurore Kesch (Vie Féminine) et Guillaume Lohest (Équipes populaires). Nous avons ensuite livré leurs réflexions à l’analyse de Jean Faniel, directeur du CRISP (lire pp. 10-13).

Un congrès du MOC ? Pourquoi donc ?

https://www.revue-democratie.be/index.php?option=com_content&view=article&id=1636:un-congres-du-moc-pourquoi-donc&catid=20&Itemid=127

Le 9 septembre, le Mouvement ouvrier chrétien tient un congrès à Charleroi. Cet événement, préparé depuis plusieurs mois, sera l’occasion pour les diverses composantes de cette organisation d’adopter de nouvelles lignes directrices pour son action des prochaines années. Mais un congrès, c’est aussi plus que cela. Pour Démocratie, Jean Faniel, directeur du CRISP 1, livre son analyse à partir des interviews des responsables présentées dans ce numéro, apporte des éléments spécifiques au congrès du MOC et, ensuite revient plus largement sur ce qu’implique la tenue d’un congrès.

Les jeunes, forces vives syndicales

https://www.revue-democratie.be/index.php?option=com_content&view=article&id=1638:les-jeunes-forces-vives-syndicales&catid=20&Itemid=127

Le congrès de la Confédération européenne des syndicats (CES) s’est déroulé du 23 au 26 mai 2023 avec la participation de quelque 600 délégué·es représentant les différentes organisations syndicales européennes et les fédérations sectorielles, ainsi que les comités statutaires des jeunes et des femmes. Les jeunes ont pu réaffirmer « qu’ils n’étaient pas le problème, mais la solution ».

Démocratie n°10 – Octobre 2023

En Eubée centrale, on ne veut plus d'éoliennes dans les montagnes

Chronique d’une protestation en Eubée centrale (Grèce) contre l’installation massive d’éoliennes qui défigurent le territoire, repoussent les touristes et détruisent les écosystèmes sans que l’énergie produite ne bénéficie aux habitants et habitantes.

Démocratie n°11 – Novembre 2023

Comment améliorer le bien-être en fin de carrière ?

À l’heure où le nombre de travailleurs et surtout de travailleuses âgé·es en incapacité de travail ou en invalidité ne cesse d’augmenter, la Mutualité Chrétienne (MC) s’est posé la question suivante : quelles conditions et quels aménagements du travail peuvent en fin de carrière préserver la santé, le bien-être et le maintien dans l’emploi ? Pour y répondre, la MC a interrogé un échantillon de 4.639 membres âgés de 55 à 64 ans. Sur base des résultats, elle propose diverses recommandations afin d’améliorer la soutenabilité du travail en fin de carrière.

Plan de relance wallon : l'impossible quadrature du cercle

Loin du Plan Marshall américain, tant par leur contexte d’émergence, leurs ambitions et leur méthode de financement, les plans wallons de redressement économique se succèdent depuis la fin du siècle passé et, même si leur nom change au fil des législatures, ils s’inscrivent dans la même continuité. La crise du Covid et avec elle la promesse d’un autre monde à venir ont fait miroiter un changement de cap; l’espoir d’une relance qui rencontre vraiment les besoins humains, écologiques, sanitaires et sociaux de la société. Finalement, le dogme du marché s’est à nouveau imposé pour financer les politiques publiques. Même s’il est encore trop tôt pour évaluer le Plan de relance wallon actuel et les projets prioritaires qui le composent, on peut d’ores et déjà poser un certain nombre de questions et mettre en avant des enjeux primordiaux pour l’avenir.

EVRAS : 'L'enjeu est de refaire confiance aux professionnel.les'

https://www.revue-democratie.be/index.php?option=com_content&view=article&id=1650:evras-l-enjeu-est-de-refaire-confiance-aux-profesionnel-les&catid=39&Itemid=33

Peu avant son adoption, l’EVRAS a fait l’objet de vives critiques et de résistances–tant concernant son opérationnalisation que la terminologie employée–émanant notamment de mouvements d’extrême droite. C’est la publication d’un guide destiné aux professionnel·les afin d’homogénéiser l’EVRAS qui a mis le feu aux poudres. Retour sur cette séquence avec Lola Clavreul, directrice de la Fédération des Centres pluralistes de Planning familial (FCPPF), membre aux côtés d’autres organisations du Comité de pilotage ayant accompagné le projet du guide.

Démocratie n°12 – Décembre 2023

Développement territorial : y porter l'enjeu social

L’aménagement du territoire est un sujet qui se prête à l’approche multidimensionnelle. Il s’agit en effet d’articuler activités économiques, bien-être des habitant·es (en logements, en accès aux équipements collectifs…), mobilité efficace, sauvegarde de l’environnement, usage parcimonieux d’un bien rare (le territoire), tout en tenant compte des réalités démographiques d’aujourd’hui et projetées pour demain. Dans cette complexité qui met souvent en tension des intérêts divergents, l’enjeu social ne doit jamais être oublié. Une mission que doivent porter les organisations sociales.

Faillites morale et politique de l'Union européenne

L’attaque multidimensionnelle lancée par le Hamas palestinien au matin du 7 octobre aura pris le monde entier de court, à commencer par les Israélien·nes. Les nouvelles et les images, terribles, ont donné la mesure de ce développement totalement inattendu dans sa forme, mais inéluctable puisque, depuis de nombreuses années, de multiples voix tentaient d’alerter sur le potentiel de violence que l’occupation israélienne des territoires palestiniens alimente. Quel (non) rôle l’UE et ses États membres ont-ils joué dans le drame qui se noue aujourd’hui ? Éclairage.

L'attachement social, pour penser les solidarités

Dans son dernier ouvrage, le sociologue français Serge Paugam s’interroge sur ce qui nous relie aux autres. En prolongeant les travaux d’Émile Durkheim, il questionne les différents régimes d’attachement social. Il se montre inquiet quant à l’évolution de nos sociétés, gagnées par l’isolement au travail, mais il voit aussi s’y exprimer vigoureusement un désir de justice sociale.

MOUVEMENTS

Mouvements n°11 – Mars2023

Les perspectives du Mouvement pour le droit au logementPage 8

Charlotte Renouprez est responsable bruxelloise des Equipes populaires. Avec les Equipes, elle s’implique dans les luttes pour le droit au logement. Mouvements s’est entretenu avec elle pour discuter du Housing Action Day et des perspectives pour le mouvement pour le droit au logement à Bruxelles et en Belgique

Financiarisation du logement à Bruxelles : Les premiers jalons sont posésPage

Les loyers ne cessent d’augmenter à Bruxelles. Un des facteurs de cette augmentation est la financiarisation croissante du secteur du logement. Pour comprendre ce phénomène, Mouvement a interrogé Aline Fares, membre d’Action Logement Bruxelles et autrice des Chroniques d’une ex-banquière.

Rénolution' rénover au bénéfice des locataires ?Page 20

Permettre aux locataires d’être bien chez soi et au chaud l’hiver, et bientôt au frais l’été, à un prix abordable est pour le moment une équation complexe. Le marché locatif privé est régulé d’une telle manière que les loyers augmentent entre deux contrats locatifs, mais aussi annuellement lors de l’indexation des loyers sur l’inflation. Cette régulation des prix est doublement pénalisante pour les locataires, alors que l’entretien des biens et leur mise à niveau en termes de performance énergétique est pour l’instant un sujet bien peu prioritaire. Nous constatons que ce type de régulation du marché locatif se couple à la crise de l’énergie et à l’augmentation des coûts des matériaux pour les rénovations pour provoquer un « effet ciseaux » sur le logement abordable, qui fond comme la glace en Arctique.

Des expulsions masquent-elles des loyers impayés ou des loyers impayables ?Page 29

Quand la politique du logement démissionne face au marché capitaliste, la conséquence ultime pour une série de personnes est de se retrouver expulsé.e.s de leur domicile. Le Front anti-expulsions est né suite aux luttes contre la reprise des expulsions autour des périodes de confinement en 2020-2021. Mouvements a rencontré Pernelle Godart, géographe et chercheuse à l’IGEAT-ULB, pour comprendre les enjeux et les luttes contre les expulsions.

Angela-D : Féminister le logementPage 35

Depuis 2018, à Bruxelles, Angela-D expérimente un projet de logement collectif dans une démarche féministe. Ce groupe bénévole promeut notamment des politiques publiques du logement et de l’urbanisme mieux adaptées aux besoins des habitant.e.s les plus précaires et plus propices au développement de solidarités. Entretien avec Magali Verdier, l’une des fondatrices d’Angela-D

La politique du logement à Vienne, un exemple pour l'Europe ?Page 46

Il y a environ 100 ans, le gouvernement social-démocrate de la ville de Vienne a lancé l’un des programmes de construction de logements les plus importants et les plus significatifs de l’histoire du 20ème siècle. Les « logements sociaux communautaires » (Gemeindebauten) de Vienne la rouge ne représentaient pas seulement des logements abordables et de qualité pour la classe travailleuse, mais avaient également une grande valeur symbolique, culturellement et politiquement. Aujourd’hui encore, Vienne est considérée par beaucoup, bien au-delà des frontières autrichiennes, comme un modèle et une source d’inspiration pour la construction de logements sociaux. Mais que se cache-t-il derrière le mythe de Vienne la rouge et que pouvons-nous en apprendre aujourd’hui ?

Mouvements n°12 – Septembre 2023

Sans emploi, mais pas sans droitsPage 13

Le comité des TSE de la CSC a été créé dans les années 1980. Des chômeur·euse·s voulaient s’organiser et rompre leur isolement. Iels ont mené des actions collectives pour porter leurs revendications et se sont ainsi organisé·e·s dans la partie interprofessionnelle. Mouvements s’est entretenu avec Lazaros Goulios, permanent interprofessionnel en charge du comité des TSE [travailleur·euse·s sans emploi) de la CSC

Les politiques de la santé mentale à BruxellesPage 23

Robin Susswein est sociologue, diplômé de l’ULB, il travaille actuellement à la Ligue Bruxelloise pour la Santé Mentale (LBSM). La LBSM est une ASBL créée en 1977 dont la mission est de promouvoir les questions, enjeux et pratiques de santé mentale. Depuis 2019, la Ligue est aussi la Fédération des Services de santé mentale agréés par la COCOF à Bruxelles. Dans ce contexte, Robin nous a parlé de ses recherches et observations sur l’état des services de soutien mental ainsi que leurs enjeux.

Kafka à Bruxelles : l'histoire du petit château et le sort des demandeurs d'asilePage 29

«Tout ce que [les autorités] ont fait, c’est de protéger les intérêts lointains et invisibles de maîtres lointains et invisibles» - Franz Kafka, Le Château

Bruxelles numérique : derrière le slogan, la réalité des usagersPage 34

Depuis plusieurs mois, autour de l’initiative de Lire et Ecrire Bruxelles, des dizaines d’associations (dont le MOC et ses organisations constitutives) se mobilisent contre le projet d’ordonnance « Bruxelles numérique » du Ministre Clerfayt qui vise à accélérer la digitalisation des administrations bruxelloises sans garantie de maintien de guichets physiques ou de lignes téléphoniques accessibles à la population. Une bonne part de la population bruxelloise, qui connait déjà de grosses difficultés d’emploi, de logement ou de santé, aurait ainsi encore plus de mal à faire valoir ses droits fondamentaux. Du côté des travailleur.euse.s, cette accélération de la digitalisation aurait également des conséquences sur le volume de l’emploi, sur les conditions de travail et sur le sens du métier. Rencontre avec Gwenaëlle Scuvie, permanente CSC Bruxelles pour les services publics de Bruxelles

Le contact humain, un besoin essentiel pour des services inclusifsPage 40

Depuis la pandémie de COVID19, la place des moyens de communication numériques dans la société s’est encore fortement accrue. A leur tour, les services publics, administrations et autres services de base tels que les banques ont réduit les possibilités pour des rendez-vous physiques. Avec quelles conséquences pour les usager.ère.s ? Mouvements a rencontré Iria Galvan de Lire et Ecrire pour en discuter.

Détruire le palais du midi : un scandale d'Etat ?Page 53

Le Palais du Midi est menacé par le chantier du métro Nord, au coût pharaonique. Un nouvel épisode d’une longue saga qui a déjà durement frappé le quartier Stalingrad. Des associations et des riverains du Palais organisent la résistance. La rédaction de Mouvements a rencontré Olivier De Roy en cette fin du mois d’août. Olivier a commencé à travailler au Palais du Midi en 1989.

Mouvements n°13 -  Décembre 2023

PAS SUR LE SITE POUR L’INSTANT

Le Soudan entre guerre et révolutionPage 9

IIl y a huit mois, en avril 2023, un conflit a éclaté au Soudan entre l’armée soudanaise et une milice meurtrière qui lui était auparavant affiliée, connue sous le nom de Forces de soutien rapide (FSR). Ce conflit s’est transformé en une véritable guerre qui dévaste le pays. Il représente également un défi de taille pour le mouvement révolutionnaire soudanais qui, depuis 2019, s’organise pour le changement sous le slogan «liberté, paix et justice». Pour comprendre à la fois la révolution et la guerre, il est important d’examiner brièvement l’histoire du Soudan.

Le Sahara occidental, exemple de lutte décolonialePage 16

Pourquoi l’histoire du Sahara occidental est-elle exemplaire des ratés de la décolonisation ? Malgré les résolutions claires des Nations Unies et l’appui de quelques pays influents comme l’Algérie et l’Afrique du Sud, la question du Sahara occidental comme celle de la Palestine reste bloquée par des politiques coloniales basées sur la violence des armes.

Guinée : 'Ils savent que quand on commence, on ne s'arrête plus !'Page 25

Avec un sens politique aigu, la présidente du Comité des jeunes de la confédération syndicale CNTG, Hadja Saran Fofana, représente une voix d’avenir dans son organisation. A ses côtés, Kadiatou Barry a la force de l’expérience. Elle représente le département des mutuelles, du secteur informel et des coopératives de la CNTG, et est également référente “genre” de la CNTG. Toutes deux membres du bureau exécutif de la CNTG, nous les avons interrogées à Conakry en août dernier sur leur vision de l’avenir de la jeunesse guinéenne dans ce pays marqué par la pauvreté et la corruption. Et sur le rôle que le syndicat peut jouer pour changer la situation.

Sahel : le recul de la 'Françafrique'Page 32

Claude Serfati est chercheur-associé à l’université de Saint-Quentin-en-Yvelines en France et à l’IRES (Institut de recherches économiques et sociales). Il est l’auteur de nombreux articles et ouvrages dont « l’Etat radicalisé. La France à l’ère de la mondialisation armée » (2022) ainsi que « Le militaire, une histoire française » (2017). La rédaction de Mouvements l’a rencontré

Les BRICS + commencent à craquer sous la pression géopolitique et économique– Page 38

La question la plus importante à se poser vis-à-vis de la politique Nord-Sud est de savoir si le G20 - le groupe des 20 principales puissances étatiques (plus l’Union africaine à partir de 2024) - est capable de fusionner le G7 des pays riches (qui continue, à juste titre, à perdre sa crédibilité) avec le bloc des BRICS+ (autour de Brésil-Russie-Inde-Chine-Afrique du Sud) qui connaît une croissance rapide, ou bien si les BRICS+ deviennent une véritable force dans les affaires mondiales. Ce n’est pas encore le cas, comme en témoignent les débats actuels sur la guerre, l’argent et l’environnement.

L'Europe a du sang sur les mains : Abolish Frontex ! – Page 43

Depuis presque 20 ans, Frontex est une agence européenne chargée de la « coopération opérationnelle » aux frontières, intérieures mais surtout extérieures, de l’UE. Ses missions et son fonctionnement ont de lourdes conséquences sur les droits humains et traduisent clairement la politique migratoire sécuritaire et néocoloniale de l’Union Européenne. Entretien avec Stéphanie Demblon, de la campagne Abolish Frontex

Perspective n° 134 -  Avril/Mai 2023

Quand se loger devient un combat – Page 6

Tout comme le droit à la sécurité sociale, à la protection de la santé et à l’aide médicale et juridique, la Constitution garantit aussi à chacun·e le droit à un logement décent. Du moins, c’est écrit tel quel à l’article 23 de notre loi suprême. Dans les faits, c’est un échec total engendrant des conséquences désastreuses en termes de santé, d’accès aux droits fondamentaux et de dignité humaine.

Perspective n°135 – Juin/Juillet 2023

Béton : stop ou encore ? – Page 6

En province de Luxembourg, les espaces naturels, agricoles et forestiers semblent couvrir de vastes surfaces et illustrent de belles cartes postales … Néanmoins, depuis les années 70, date de l’élaboration et approbation des plans de secteur, ces espaces perdent progressivement du terrain au profit du béton, c’est ce qu’on appelle dans le jargon de l’aménagement du territoire : « L’artificialisation des sols ». Ce dossier vise à répondre à une série de questions en lien avec l’artificialisation des sols en province de Luxembourg en s’appuyant sur l’apport de cinq intervenant·es ayant participé à la soirée débat du 21 mars dernier à Saint-Hubert

Perspective N° 137 - Déc2023/Janv 2024

Le congrès du MOC :  comment faire mouvement social demain ? - Page 6

Quels chemins d’action emprunter aujourd’hui comme mouvement social dans un contexte ébranlé par la crise climatique et la marche forcée vers la digitalisation de toutes les sphères de la vie, du travail aux loisirs en passant par la santé et l’administration publique ? Voici une présentation des grandes lignes du texte d’orientation stratégique validé par le Congrès MOC le 9 septembre 2023.

ETUDES

Cahier CIEP n°31 -  Décembre 2023

La transition durable

En mai 2023, le Premier ministre de Belgique, Alexander De Croo a provoqué la surprise, voire la consternation, en demandant d’opérer « une pause » concernant les normes environnementales « afin d’alléger le fardeau de l’industrie et des PME déjà confrontées, selon lui, a de nombreuses contraintes ». M. De Croo voudrait que l’on se concentre sur les émissions de gaz à effet de serre et souhaite dissocier les combats écologiques : « N’allons pas trop loin avec des choses qui, au sens strict, n’ont rien à voir avec le réchauffement climatique ». Ce faisant, il vient en appui à un appel similaire tenu peu de temps auparavant par le président français Emmanuel Macron. Les deux dirigeants politiques marquent ainsi leur réticence à soutenir un projet de loi européenne sur la restauration de la nature, adopté par la Commission européenne en juin 2022 et qui vise à restaurer les écosystèmes, les habitats et les espèces sur au moins 20 % de la superficie terrestre et maritime de l’Union européenne (UE) d’ici 2030. Ce taux de 20 % ne semble pas bien lourd, sachant que, selon l’Agence européenne de l’environnement, 81 % des sites protégés de l’UE sont en mauvais état. La proposition prévoit un financement assez important, d’environ 100 milliards € pour atteindre les objectifs, qui seraient contraignants.

Cahier CIEP n°32 - Décembre 2023

Reprendre le contrôle dans nos systèmes alimentaires - Un enjeu démocratique

Début 2020, le MOC décide de se pencher sur la question de la souveraineté alimentaire. A ce moment déjà la question semble être à la confluence des axes stratégiques du MOC : les questions démocratiques, celles liées à la sécurité sociale et au travail, les défis migratoires et écologiques. Toutefois, la souveraineté alimentaire et les systèmes alimentaires ne représentent pas, aux yeux de nos différentes organisations, un enjeu figurant au cœur de leurs actions. Bien sûr, tous et toutes sommes conscient·es de l’importance d’une alimentation saine et de qualité pour l’ensemble de la population, mais les questions qui concernent la production alimentaire, sa transformation, distribution ou consommation que ce soit ici en Belgique, ou au Sud, ne sont que peu ou pas traitées par nos organisations, sauf de manière très partielle. Nos organisations socio-culturelles ont bien à un moment donné participé à la mise sur pied d’un potager collectif, ou mené une réflexion et un accompagnement des femmes sur la nutrition et l’alimentation saine. Les organisations syndicale et mutuelliste ont également abordé la question sous le prisme de la santé et des coûts de l’obésité ou du diabète, ou en analysant les conditions de travail dans la grande distribution ou l’industrie alimentaire, ou encore en abordant l’alimentation dans les cantines scolaires ou sur le lieu de travail. Au niveau international, nous pouvons, via notre ONG WSM, nous préoccuper de la sécurité alimentaire dans les pays dits « du Sud » et des impacts des monocultures ou des importations sur l’environnement ou encore des conditions de travail des producteurs d’oranges ou de café au Brésil, en Côte d’Ivoire ou au Ghana.

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